Angèle, elle adorait les câlins et les bisous.

Elle explore le monde du bout de sa langue. Elle aimait le contact humain… Être serrée très fort, dans les bras de son maître. Elle était gâtée, avec lui ! Très gâtée ! Pourrie-gâtée…

 

Pourrie. Angèle a été privée de son maître. La séparation a dû être atroce. Elle fut enlevée à lui par ses ravisseurs, ayant à peine le temps de recevoir un dernier gros câlin. Elle ne le revit jamais…

 

Comme beaucoup d'enfants, les chiens ne savent pas toujours faire la différence entre l'amour et la maltraitance. Angèle était une chienne battue, maltraitée. Martyrisée.

Quand les forces de l'ordre sont venues pour la libérer de sa prison, son geôlier a tenté de lui offrir une dernière étreinte. Devant les yeux ébahis des policiers, il serra Angèle dans ses bras… dans le but de l'étrangler.

Peu d'enfants se retournent contre leurs parents, et les chiens sont ainsi faits, eux aussi.

 

Angèle fut retirée à son tortionnaire. Elle passa sa première nuit en sécurité, dans le confort du commissariat où travaille l'une de nos bénévoles. Nous aimerions vous dire qu'elle se sentait soulagée. En sécurité. Mais en vérité, sans doute que son maître lui manquait. Et sans doute qu'ici aussi, se disait-elle, elle serait battue et étranglée. Elle ne cessait de ruminer obsessionnellement sur ses fautes des jours passés, à la recherche d'une erreur qu'elle aurait pu commettre, et pour laquelle elle serait bientôt corrigée.

 

Les jours passèrent, puis les semaines. C'était un curieux sentiment, que d'être en paix.

 

Angèle reçut un surnom : le chien noir qui léchouille ! Elle n'était plus battue, elle n'était plus étranglée…

Elle en avait un peu honte, mais son maître ne lui manquait plus. Il devenait un étranger.

La justice fut miséricordieuse, et Angèle fut définitivement confiée à la BPA.

 

C'est une belle histoire qui se finit bien.

 

Nous lui trouvâmes une bonne famille aimante et bienveillante, qui lui apprend depuis ce qu'est, vraiment, un câlin.